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L'Est républicain du mardi 11 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

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Le comité d'organisation nous prie d'insérer :

« Cinq jours à peine nous séparent du grand concours de musique et déjà Nancy commence à revêtir sa brillante parure de fêtes. Les 5,000 musiciens qui s'apprêtent à venir samedi et dimanche, se réjouissent de leur venue dans notre ville, qu'on leur a dépeinte sous des couleurs si riantes. Il convient donc de recevoir nos hôtes avec éclat et cordialité.

La municipalité fait tout ce qu'elle peut pour mener à bien les fêtes de ces trois journées, tant pour le pavoisement que pour le festival, les concours, les récompenses, le logement, le banquet officiel, etc...

A la gare, le comité d'organisation de la chorale d'Alsace-Lorraine, vaillante société qui se dévoue sans compter depuis des mois, projette plusieurs portiques. Le Nouveau-Nancy prépare une fête des balcons fleuris et le centre de Nancy, les grandes artères commerciales, organisent de fort jolies décorations.

Les particuliers voudront tous rivaliser de zèle avec le comité et la municipalité. Il y a lieu d'espérer que nos rues seront décorées à profusion de drapeaux, flamme multicolores, guirlandes, fleurs aux fenêtres et aux balcons. Les Nancéiennes, dont l'ingéniosité est si grande, voudront se surpasser dans cette circonstance où des milliers d'étrangers fêteront à la fois la beauté, la fleur et la musique.

Pour le festival de la .Pépinière, des tickets sont en vente chez les marchands de journaux et dans tous les bureaux de tabac avec le catalogue-programme des fêtes.

Nous pouvons dire dès aujourd'hui que la brillante Marche du Triomphe, musique de Marins Milot et parole du chanoine Ponpart est assurée d'un éclatant succès.

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Ce sera un chef-d'œuvre de nouveau à ajouter à la série des œuvres de l'excellent chef de musique.

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Les commissaires de salles et de sociétés sont instamment priés de vouloir bien assister à la réunion qui aura lieu mardi 11 juin courant, à 8 heures 1/2 du soir, à la salle de l'Agriculture, 4, rue Chanzy (Conservatoire de musique).

L'ordre du jour est le suivant :

Remise des insignes, des cartes et des instructions pour le concours de musique.

En réponse à l'invitation faite par le comité des têtes, les commerçants des rues Gambetta. Stanislas et adjacentes se sont réunis à l'hôtel de l'Europe et ont formé un comité qui a élu un bureau composé de MM. Gillel-Lafond, président ; Moreau, trésorier ; Mellinger, secrétaire ; Garot, secrétaire adjoint.

Il a été décidé que des quêteurs se présenteraient, mardi 11 juin, chez MM. les commerçants et particuliers de ce quartier, afin de recevoir les cotisations pour la décoration et l'embellissement des rues désignées. Ils comptent sur un bon accueil et espèrent pouvoir arriver à donner un bel aspect dans ce quartier, centre des fêtes.


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L'Est républicain du mercredi 12 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

L'organisation des grandes fêtes du concours de musique se poursuit avec la plus vive ardeur, grâce au dévouement des membres de la chorale Alsace Lorraine.La question du logement des 4,080 musiciens est définitivement réglée et tous les locaux disponibles seront d'ici à demain mis en état avec les couchages militaires.

Le comité demande aux personnes de Nancy qui ont des chambres disponibles pour le logement (gracieux ou payant) de bien vouloir en prévenir ie comité d'organisation au bureau de la permanence, 1, rue des Dominicains. Il faut songer que Nancy va avoir à loger près de cinquante mille étrangers pendant trois jours; les hôtels sont débordés et n'ont plus le moindre recoin disponible.

Il faut donc que les Nancéiens se gênent un peu pour accueillir leurs hôtes, car la plupart des sociétés, pour ne pas dire toutes, seront accompagnées à Nancy par des parents et des amis.

Dès aujourd'hui, la plupart des bureaux de tabac ont, à la disposition du public, des programmes officiels et des cartes à différents prix, donnant accès à toutes les salles de concours et au grand festival de la Pépinière, à la salle Poirel, à l'Eden et au Casino ; il y a deux prix d'entrées à 0 fr. 50 et 0 fr. 25 pour chacun des concours d'exécution et d'honneur


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L'Est républicain du jeudi 13 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

Le comité d'organisation du concours de musique a reçu de nombreuses adhésions pour la grande retraite aux flambeaux de samedi soir, qui est appelée à un succès sans précédent à Nancy.

L'autorité militaire a promis mille soldats pour le service de police et de garde sur la place Stanislas et aux alentours immédiats, de façon à dégager la place pour l'arrivée et le départ des porteurs de flambeaux. Ces derniers —à défaut peut être des soldats qui sont absents de Nancy — seront les membres de nos sociétés de gymnastique ct des jeunes gens de bonne volonté.

Mardi soir, à la salle du Conservatoire, a eu lieu la réunion des 146 commissaires de salle et de sociétés, à qui toutes les indications ont été données, eu vue des trois journées du concours, samedi soir, dimanche et lundi. Une nouvelle réunion des contrôleurs des 23 salles aura lieu jeudi soir, à 9 heures, au siège social de la chorale Alsace-Lorraine, 4, place Carrière.

Les fêtes du concours dureront, on le sait, non seulement dimanche, mais encore lundi toute la journée On sait déjà que toutes les écoles et collèges auront congé ce jour là et l'on espère que la plupart des négociants, industriels et chefs de maison, voudront donner congé à toute ou partie de leur personnel, afin de donner plus d'éclat à la journée de lundi.


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L'Est républicain du vendredi 14 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

Dans l'après-midi de jeudi, on a commencé à pavoiser l'hôtel de ville et les monuments municipaux.

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Le général Pau, commandant le 20e corps, a prévenu M. le maire de Nancy que les musiques militaires ne prendraient aucune pari aux fêtes du concours.

Les chefs de musique portés parmi les membres du jury n'y assisteront pas ; de même aucune personnalité militaire n'assistera au banquet offert par la municipalité à l'occasion du concours.

Voici l'itinéraire de la retraite aux flambeaux, du samedi 15 juin, tel qu'il est communiqué par la mairie, mais évidemment cet itinéraire devra être modifié en raison de l'abstention des musiques militaires :

A dix heures, tous les groupes réunis foreront un seul cortège qui parcourra l'itinéraire suivant :

Place Stanislas (Cercle militaire), rue Héré, place de la Carrière (milieu), place Saint-Epvre, place des Dames, rue Lafayette, rue de la Monnaie, place Carnot, rue des Michottes, rue Stanislas, place Dombasle, rue Gambetta, rue Victor-Poirel, place Saint-Jean, rue Saint Jean, rue Saint-Dizier, places du Marché et Mengin (côtés Nord), places Mengin et du Marché (côtés Sud) ou, sans arrêt, se fera la dislocation, chaque groupe suivant les itinéraires ci-après désignés :

1° groupe. — Rue Saint Dizicr, rue de la Fayencerie, rue du Pont-Mouja, rue des Dominicains, place Stanislas, caserne Thiry.

2° groupe. — Rue Saint-Dizier, rue Saint-Jean, place Saint-Jean (temple protestant), place Saint Jean (hôtel Américain), rue de l’Équitation, salle Déglin.

3° groupe.— Place du Marché (côté nord), rue des Ponts, rue et faubourg Saint-Jean, rue de la Commanderie, rue Jeanne-d'Arc, caserne du 5° hussards.

4° groupe. — Place du Marché (côté Sud), rue Saint-Dizier, rue Gambetta, place Stanislas, rue Sainte-Catherine, caserne Thiry.

5° groupe. — Place du Marché, rue des Quatre-Églises, rue du Montet, rue Saint-Charles, caserne du 8° d'artillerie.

6° groupe. — Place du Marché, rue des Ponts, rue Charles-III, rue Saint-Dizier,rue de Strasbourg, séminaire.

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Rappelons encore que 1,000 hommes seront cependant prêtés par l'autorité militaire pour le service d'ordre pendant la retraite aux flambeaux et 300 hommes pour renforcer le service de police pendant le défilé de dimanche.

Réception des sociétés vosgiennes

Nous avons déjà annoncé que les diverses Sociétés de musique des Vosges seraient reçues dans un punch qui sera offert dimanche soir, 16 juin, à 6 heures, à l'École professionnelle de l'Est,

Près de 650 musiciens et 800 personnes sont invitées à cette réception, qui promet d'être superbe et est organisée par la Mutuelle vosgienne.

La Mutuelle vosgienne, dont le président est M. Courty, ne date que du mois de juillet 1906. Malgré son peu d'ancienneté, elle a tenu néanmoins à recevoir tous les camarades vosgiens qu'amène à Nancy le concours de musique.

Le président du comité d'organisation, M. L. Thiot, architecte, a pris toutes les mesures pour faire aux Vosgiens une réception digne d'eux.

La réception au « Nouveau-Nancy »

L'Association des Amis du Nouveau Nancy »nous prie de publier l'appel ci-après aux habitants du Nouveau-Nancy :

Concours de fenêtres et balcons fleuris et décoré

Les quartiers neufs de la ville sont compris largement dans le programme des fêtes du- concours international de musique.

Grâce à cette juste répartition des réjouissances publiques, la foule des visiteurs que nous attendons se répandra dans les rues de la nouvelle ville comme dans celles de l'ancienne ville.

Pour faire honneur aux hôtes de Nancy, on prépare dans tous les quartiers la décoration des rues et des places publiques.

Il faut que le Nouveau-Nancy qui n'à point pour lui l'attrait des monuments magnifiques que nous ont légués les siècles derniers se distingue par l'originalité, la fraîcheur et le charme de la décoration qu'il donnera à ses rues. Il faut qu'il se révèle aux étrangers comme aux Nancéiens, dans la séduction de la plus belle de toutes les parures, la parure des fleurs.

En cette époque de l'année, les fleurs sont abondantes dans les jardins et dans les champs et mettent à la portée de tous des ressources inépuisables.

Les Amis du Nouveau-Nancy font appel à tous les habitants des quartiers neufs et en particulier aux dames et aux demoiselles. Pour elles ce sera une joie de rivaliser de goût et d'originalité en ornant de fleurs parmi les drapeaux qui les pavoiseront, les façades de leurs appartements. Et toutes auront l'ambition de conserver un souvenir durable des petits chefs-d'œuvre passagers qu'elles auront créés. Ce souvenir ce sera un des nombreux et superbes prix, objets d'art venant des maisons Gallé, Majorelle et Daum, médailles d'honneur, dons divers faits par les négociants et industriels que distribuera l'Association des Amis du Nouveau-Nancy, à la suite de son concours de fenêtres et balcons décorés et fleuris.

Le jury de ce concours parcourra les rues du Nouveau-Nancy pendant l'après-midi de dimanche et la matinée de lundi.

Les personnes qui voudraient appeler spécialement son attention sur les décorations qu'elles préparent sont priées d'envoyer leur adresse à M. Huguet, trésorier de l'Association, aux bains Marceau.

Dames et demoiselles du Nouveau-Nancy, grâce à vous, les quartiers neufs n'auront pas à envier l'ancienne ville.

Des fleurs à profusion ; des fleurs partout!

L'hospitalité du Nouveau-Mancy

Dimanche soir, à l'issue du festival, des rafraîchissements seront offerts par les Amis du Nouveau-Nancy, aux membres des sociétés alsaciennes et autres qui prennent leurs repas dans les établissements du Nouveau-Nancy. Les sociétés sont invitées à se former en cortège sur la place Thiers pour se rendre au parc Sainte-Marie, où elles seront reçues par les Amis du Nouveau Nancy.

Le concours et les tramways

La direction des tramways de Nancy a l'honneur d'informer le public qu'à l'occasion du concours de musique, les derniers départs des terminus auront lieu aux heures ci-après :

Samedi 15 :10 h. 30.

Dimanche 16 : Minuit.

Lundi 17 : 10 h. 30.

Dimanche 16, à partir de 11 heures du soir, tarif de nuit, soit : 0 fr. 15 par place en plus du tarif ordinaire.

En raison de la retraite aux flambeaux et de la réunion des sociétés de musique place Stanislas et de la Carrière, le dernier départ de la rue Saint-Georges pour Malzéville aura lieu à 8 h. 12 du soir.

A partir de cette heure, le service de Malzéville, sera assuré par la ligne de Préville-Pont-Tournant avec transbordement gratuit au pont tournant de Malzéville.

Samedi et lundi service de nuit à la sortie du cirque.


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L'Est républicain du sameid 15 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

L'officieuse Étoile annonce maintenant que « contrairement ç ce qui avait été dit, les chefs de musique militaire resteront membres du jury. »

Il est heureux — il est toujours heureux — que l'autorité gouvernementale reconnaisse ses erreurs, et les répare, au moins partiellement.

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Mais noud n'avons pas besoin de dire que l'abstention des musiques militaires, du concours, et la presciption adressée aux officiers à se tenir à l'écart, excitent, en ville, une impression plutôt fâcheuse.

On veut y voir, non pas une réserve que, d'ailleurs, les circonstances n'expliqueraient pas, mais, — plutôt — une revanche de la mesure prise par la municipalité à l'égard de la Musique démocratique.

Et quelque opinion que professe sur l'exclusion de cette musique, on ne peut s'empêcher de penser que la riposte est singulièrement disproportionnée à l'attaque!

C'est la ville entière qu'on punit — sans motif.

D'autant qu'on arrive à ce résultat... bizarre :

L'armée reçoit l'injonction de ne pas participer à un concours, à cause qu'on a exclu de ce concours une musique qui joue volontiers l'Internationale, chant où il est dit que les soldats doivent destiner les balles de leurs fusils aux généraux.

C'est insensé, mais le chef du gouvernement n'a-t-il pas prévu tous les... étonnements du public, en il y a longtemps déjà :

« Nous sommes dans l'incohérence! »

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Voici une note, imprimée, qui circule en ville et donnerait à croire à l'organisation d'une manifestation :

En présence de la décision draconienne qui ne se peut qualifier, décision interdisant toute participetion de notre armée au concours international de musique des 16 et 17 juin, et ce, fort probablement, parce que l'exécution de la hideuse « Internationale »n'y serait point, et à bon droit, autorisée.

Des citoyens indépendants prennent l'initiative de convoquer tous les patriotes à se rendre samedi soir, à 8 h. 1/2, selon leurs quartiers, aux lieux de départ des groupes qui prendront part à la grande retraite aux flambeaux inaugurant le concours :

1° groupe : Rassemblement, marché aux bestiaux.

2° groupe : Rassemblement, carrefour des Trois-Maisons.

3° groupe : Rassemblement, parc Sainte-Marie (Mon-Désert).

4° groupe : Rassemblement, angle faubourg Stanislas et rue Saint-Lambert.

5° groupe : Rassemblement, place de la Croix-de-bourgogne.

6° groupe : Rassemblement, carrefour Lionnois.

Il faut espérer qu'il ne se passera rien de grave, mais il est évident que la lutte appelle la lutte. Il nous semble que l'autorité gouvernementale a été mal inspirée en faisant réduire la participation, aux fêtes, l'armée, de laquelle est toujours, dans ces cas-là, une « garantie >.

On pavoise, on décore…

On a pavoisé et décoré ferme Nancy vendredi, en raison du concours de musique.

Dans certaines rues régnait une noble émulation, notamment rue d'Amerval et dans la partie supérieure de la rue Saint-Dizier.

Des rangées de drapeaux joignent les fenêtres d'un côté de la rue à l'autre. On dresse des mâts portant les écussons tricolores.

Place Stanislas, l'installation électrique a été très rapidement mise en place.

On se remue également beaucoup au « Nouveau-Nancy », qui, comme on le sait, a l'intention de réserver à ses hôtes une réception fleurie tout à fait sensationnelle…

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Dans l'après-midi de vendredi, on a continué à pavoiser les rues. La rue Stanislas particulièrement présente le plus pittoresque aspect avec ses centaines de petits drapeaux.

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Le service d'ordre de samedi soir sera fourni par deux bataillons du 69e de 500 hommes chacun, le 26e devant partir dimanche matin pour le camp de Bois-l'Evêquc.

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La façade de l'hôtel de ville est décorée de trophées de drapeaux français, suisses, luxembourgeois, lorrains, alsaciens.

Sur la proposition du maire de Nancy, le préfet vient de décider que tous les restaurateurs, cafetiers et autres débitants de boissons, seront autorisés à tenir leurs établissements ouverts pendant toute la durée de la nuit de dimanche à lundi, et de lundi à mardi, à l'occasion des fêtes du concours de musique.

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Vendredi, à quatre heures du soir, le secrétariat du concours nous communique :

« On avait pensé dans la journée de mercredi que tout finirait par s'arranger entre tes autorités préfectorale, militaire et municipale au sujet de la participation de la troupe aux différentes parties du programme du concours.

Mais l'accord n'a pu se faire et le comité a dû obvier à tous les inconvénients pouvant résulter de ces abstentions et faire appel a de nouveaux dévouements, surtout en vue de la retraite aux flambeaux de samedi soir.

Rien n'est changé dans l'ordre et la composition de la retraite qui suivra les six parcours déterminés dans l'affiche et le programme officiel. Les militaires seront remplacés par des sociétés et des jeunes gens de bonne volonté. Chaque groupe sera composé d'au moins deux musiques, tant de Nancy que de l'étranger, flanquées des porteurs de lanternes appartenant aux diverses sociétés de gymnastique de notre ville. Le concert donné sur la place Stanislas à neuf heures et demie du soir, sera exécute par nos sociétés nancéiennes à la place des musiques militaires.

Pour faire honneur à toutes les sociétés étrangères, alsaciennes, suisses et luxembourgeoises, la municipalité a décidé d'envoyer une invitation à tous les présidents ou directeurs pour le grand banquet de lundi prochain à midi.

Pendant ce banquet, l'Harmonie se tiendra dans le salon Carré et exécutera la Marseillaise et les plus beaux morceaux de son répertoire.

Le pavoisement de la ville se prépare grandiose pour samedi, et maintenant on peut compter sur un très brillant succès, grâce au zèle et au dévouement des membres de la Chorale Alsace-Lorraine.

De nombreuses chambres ont déjà été retenues dans tous les quartiers de la ville.

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Nous avons dit qu'une note imprimée avait été distribuée en ville, convoquant « tous les patriotes à se rendre samedi soir, à 8 heures 1/2, selon leurs quartiers, aux lieux de départ des groupes qui prendront part à la grande retraite aux flambeaux, inaugurant le concours. »

Nous croyons savoir que les jeunes gens des Fraternités et des Associations catholiques ont été spécialement invités à se rendre aux points de concentration.

D'autre part, tous les adhérents à un groupe dit « de défense sociale et religieuse », ont été aussi convoqués, ainsi qu'un autre groupe, les « chevaliers de la liberté ».

Ces jeunes gens auraient pour mission de porter des torches en l'absence des soldats.

Rien à dire à cela, mais pour notre part, nous aurions autant aimé que les porteurs de torche fussent des soldats.

Car, étant donné la tournure prise par l'incident, il faudra, vraisemblablement, un plus grand nombre de soldais, pour surveiller les porteurs de torche, que si les torches avaient été portées par des soldats.

Les militants catholiques, aigris, surexcités, exploitent la situation contre l'autorité préfectorale, — c'est vrai — mais l'impression n'en reste pas moins, en ville, que les amis de la Musique démocratique voudraient voiries réjouissances mal tourner, parce que la Démocratique n'en est pas. — C'est mesquin, révoltant, et combien maladroit!

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Par arrêté municipal, tout dépot de tables, chaises ou bancs sera supprimé sur les terrasses des cafés de la place Stanislas, de la rue Stanislas, jusqu'à la rue Saint Dizier, et de la rue Héré, le samedi 15 juin, 1907, de huit heures du soir, jusqu'au moment du départ de la retraite aux flambeaux.

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A l'occasion des fêtes du concours de musique, la fermeture de la Pépinière et du parc Sainte-Marie aura lieu à 11 heures du soir, les 15, 16 et 17 juin.

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Nous trouvons dans l'« Étoile » la convocation suivante, relative à la musique démocratique :

« Tous les membres musiciens et membres honoraires sont priés d'assister au vin d'honneur qui leur sera offert par la Société, dimanche 16 juin, au siège social.

Rendez vous à 10 h. 1/2 précises du matin.

Les musiciens sont également priés d'assister à la sortie qui aura lieu le même jour.

Rendez-vous à 1 h. 3/4, au siège social.

« Le secrétaire. »

On aime à croire, on est même persuadé dans le public — et nous nous en faisons l'interprête — que la « sortie » de là Musique démocratique n'aura aucun objet belliqueux.

Le concours et le service des trains

Le 16 juin, le train de matériel (14) 73 quittant Nancy à 6 h. 10 soir pour Pont-Saint-Vincent, prendra des voyageurs et s'arrêtera a toutes les stations et haltes du parcoure en suivant l'horaire ci-desspus :

Nancy, départ, 6 h. 10 ; Jarville, 6 h. 15 ; Houdemont, 6 h. 22 ; Ludres, 6 h. 28 ; Messein, 6 h.31 ; Neuves-Maisons, 6 h. 39; Pont-Saint-Vincent, arrivée, 6 h. 43 soir.

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Pendant la soirée du 16 juin 1907, le train de voyageurs quittant Nancy à 8 h. 40 du soir, pour la direction de Mirecourt, s'arrêtera exceptionnellement à toutes les stations et haltes du parcours.

Par suite, il n'arrivera à Mirecourt qu'à 10 h. 47 soir au lieu de 10 h. 31 soir.

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Pendant la nuit du 16-17 juin 1907, le train de voyageurs quittant Nancy à minuit 10, pour la direction de Pagny-sur-Moselle, s'arrêtera exceptionnellement à Marbache et Dieulouard.

Un train (supplémentaire pour Pagny-sur-Moselle quittera Nancy à minuit 05 et s'arrêtera également à Frouard, Pompey, Marbache, Dieulouard et Pont-à-Mousson.


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L'Est républicain du dimanche 16 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

Un tour sur le marché de Nancy, samedi, de grand matin.La fraîcheur est délicieuse.Le spectacle est pittoresque à souhait de tous les maraîchers, les jardiniers offrant leurs marchandises, qui sont d'ailleurs vite enlevées. En raison de l'abondance des approvisionnements nécessités par le concours, les prix des légumes sont un peu augmentés, notamment celui des pois.

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Dès six heures du matin, on recommence à clouer les drapeaux.

A la gare, un trophée de drapeaux a été placé au-dessus de la porte principale. Sur la place Thiers, on remarque deux portiques, magnifiquement enguirlandés, sur le fronton desquels sont dessinés divers instruments de musique. Rue Saint-Jean, rue Saint-Georges, rue Saint-Dizier, de nombreux drapeaux apparaissent aussi aux fenêtres. Nancy revêt peu à peu son élégante et chatoyante parure des grands jours de fête.

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Au Mon-Désert également, on décore ferme. Nombre d'habitants développent une grande ingéniosité, surtout dans la rue Dupont-des-Loges. Là, un appartement a été transformé en une « loggia » somptueuse. Le parc Sainte-Marie n'est pas non plus oublié. Les nouvelles entrées par l'avenue créée en prolongement de la rue Sainte-Marie laissent voir une très jolie perspective.

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Travaillera-t-on lundi ? C'est la question que se sont posée, non sans quelque anxiété, quantité de nos concitoyens. Les administrations publiques, les écoles fermeront leurs portes, c'est entendu. Mais les administrations privées, mais les banques ? D'autre part, comment pouvoir raisonnablement aligner des chiffres et compulser le grand-livre lorsque toute la ville résonne du bruit des fanfares et que tout incite à se mêler à la rumeur de la rue!

Et puis les musiciens, nos hôtes, comptent bien des amis à Nancy qui tiendront légitimement à aller les applaudir lundi.

Dans ces conditions, il est bien probable que le lundi, 17 juin, présentera en fait la physionomie d'un jour férié, au moins l'après-midi.

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Tout est prêt pour le logement des musiciens dans les écoles, dans les patronages, chez les particuliers.

Les Alsaciens habitant Nancy, surlout, s'apprêtent à recevoir, avec la large hospitalité de leur pays natal, leurs concitoyens de la Vogesia et de la Lyra Neudorf.

Certains logeront des familles entières. On sera bien quelque, peu serré, mais bast! on donnera au sommeil le moins de temps possible. On a tant à parler des choses de là-bas.

La décoration de Nancy a continué avec grande activité, samedi après midi.

Le Grand Café Glacier, place Stanislas, le Petit-Vatel, rue des Dominicains, sont décorés à merveille.

La Pépinière, naturellement, a revêtu sa parure de fête.

Au bas de la rue Gambetta, parlant de la maison Farrouch, c'est une profusion de guirlandes et de girandoles.

Il fait très beau et le même souhait revient sur toutes les lèvres : « Pourvu que la température se maintienne aussi propice dimanche et lundi. »

Samedi après-midi la décoration de la gare a également été complétée.

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Les trains amenant les premières sociétés musicales sont arrivés samedi à partir de 4 heures. Elles ont élé reçues à la gare par leurs commissaires respectifs qui leur ont aussitôt donné les renseignements complémentaires nécessaires pour le logement, la nourriture, etc., etc.

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On remarque que la préfecture est absolument veuve de toute décoration ainsi que la cour d'appel.

Au tribunal de commerce, un unique trophée de trois drapeaux, au-dessus de la porte.

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Le banquet de lundi â l'hôlel de ville sera servi par la maison Walter. La table d'honneur sera dressée au fond du grand salon de l'hôtel de ville.

Trois tables numérotées A, B et C lui sont perpendiculaires.

Chacune de ces tables est divisée en trois parties numérotées respectivement de 1 à 24, 25 à 48, 49 à 73,

Chaque convive a reçu une carie d'invitation portant le numéro de la table et un numéro de la place.

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Samedi, dans l'après-midi le comité nous communique cette nouvelle note : « Le comité d'organisation du concours de musique demande instamment à toute la population de Nancy de pavoiser largement les maisons dans tous les quartiers de la ville, afin de faire honneur aux nombreuses sociétés qui' viennent prendre part au concours, surtout aux sociétés étrangères venant de Suisse, du Luxembourg et de l'Alsace-Lorraine. Il faut que nos hôtes remportent da notre cité un inoubliable souvenir et que ces trois jours de fêtes comptent parmi leurs meilleurs souvenirs du concours.

Le comité annonce également aux membres de la presse nancéienne et lorraine qu'ils seront admis à pénétrer dans les diverses salles de concours et au festival de la Pépinière, sur la seule présentation de leur coupe-file habituel ou de leur carte d'identité de l'Association de la presse de l'Est. »

Nous nous joignons au comité pour recommander l'union, et, si possible, l'oubli des incidents si regrettables de ces derniers jours.

En tout cas, puisque les Fraternités sont de service, ce soir, et qu'elles sont composées d'électeurs partisans de l'ordre, nous comptons qu'elles tiendront à honneur d'en donner l'exemple.

Quant aux tenants de la Démocratique, le meilleur moyen, pour eux, de regagner la sympathie publique, serait évidemment de se souvenir que les trouble-fête nuiraient surtout aux intérêts de la ville.

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Sur la fin de l'après-midi, on a complété encore la décoration des rues. C'est ainsi que le balcon de la maison de musique Mouchette, rue des Dominicaine, a été orné d'une large draperie rouge sur laquelle ressort une vaste lyre.

La maison Houssaux est aussi fort bien décorée de multiples guirlandes de fleurs et de mousse.

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A la gare, dès 4 heures,. se presse une affluence considérable. Toutes les terrasses des cafés sont, occupées. On remarque nombre de femmes et de jeunes filles alsaciennes qui viennent à la rencontre de leurs compatriotes.

La première musique arrivée venait à d'Eurville (Haute-Marne). Elle a débarqué à 4 h. 4, bientôt suivie de musiques et de fanfares alsaciennes.

Ces sociétés déploient fièrement leurs drapeaux et bannières. Les présidents et membres du comité sont en tenue de cérémonie. Tous les musiciens passent par une sortie spéciale donnant sur la nue Piroux, tout près du buffet.

Voici une société de trompes de chasse qui produit sensation. Ses membres sont habillés en ripueurs, avec la casquette ronde, l'habit vert galonné d'argent, la culotte de peau et les bottes.

4 trains spéciaux sont ainsi arrivés dans la soirée de samedi, jusqu'à 11 h. 18.

21 arrivent dimanche, de minuit 5 à midi 54.

Tous les musiciens paraissent d'excellente humeur. La plupart, naturellement, ne sont jamais venus à Nancy, et ils admirent, de tous yeux, notre ville sous sa parure de fête.

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Est-il besoin de dire que les sociétés strasbourgeoises ont reçu un accueil des plus chaleureux.

Le président de la « Vogesia », de Strasbourg, et sa famille, ont reçu l'hospitalité du sympathique M. Muller, directeur du Scrrc-File, qui est originaire de Chatenois, en Alsace.

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M. Gabriel Fauré, directeur du Conservatoire de Paris, qui devait assumer la direction générale du concours avec M. Guy Ropartz, directeur du Conservatoire de Nancy, ne peut venir, en raison des fêtes données à Paris, en l'honneur de la visite des souverains danois.

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On nouis informe qu'une erreur s'est glissée dans la rédaction de la note communiquée à la presse au. sujet de la prolongation de l'ouverture des cafés pendant les fêtes du concours de musique.

Tous les restaurants, cafetiers et autre débitants, sont autorisés à laisser demeurer leurs établissements ouvert

Nancy en état de siège par une soirée charmante

Le titre est excessif, très excessif, mais enfin, il exprime cependant une chose qui fut réelle hier soir, dans une certaine mesure.

Nancy en état de siège à l'occasion d'une retraite en musique!

Samedi, dès huit heures, des détachements d'infanterie, en armes, commençaient à prendre possession de la place Stanislas, laissant vide tout le centre de la place, à laquelle on n'accédait qu'avec difficulté.

Une double haie de soldats est établie au milieu de la rue Héré et de la Carrière, par où une des musiques doit déboucher sur la place Stanislas.

Des précautions analogues sont prises à l'entrée des autres rues. En somme, comme nous l'avions prévu, il y a davantage de soldats pour jalonner les chemins qu'on n'en aurait fallu pour porter les torches, si les choses s'étaient passées normalement — et gentiment — comme d'habitude.

Les troupes sont commandées par le chef de bataillon Rabier, du 69e Un fort peloton se masse devant la préfecture.

Aux débouchés des rues se tiennent aussi des agents de police ou des gendarmes. Ce déploiement de force n'a pas laissé que de provoquer dans la foule des commentaires assez vifs.

Le spectacle de la rue

Mais n'anticipons pas sur l'ordre du compte rendu et commençons par le spectacle que présente la rue nancéienne dès huit heures du soir.

On peut dire que tout Nancy — augmenté de nombreux étrangers — est dehors. La température est douce, traversée des émanations d'une légère brise.

Et, de tous les coins de la ville, la foule afflue vers la place Stanislas, foule très gaie, très bon enfant, heureuse de vivre par cette belle soirée d'été.

Des familles entières passent, les pères portant les » gosses » sur leurs bras et des essaims de jolies filles rient de toutes leurs dents blanches.

Les terrasses des cafés sont bondées. De grosses dames absorbent lentement des sirops, ce pendant que les messieurs boivent des bocks et des bocks.

Dans celte foule, circulent des quêteurs secouant une tirelire rouge, pour les charpentiers grévistes.

*

*   *

La place Stanislas est féerique avec sa décoration lumineuse des soirs de grandes fêtes. Cependant l'éclairage de l'ancien évêché et du Grand-Hôtel, ainsi que celui du pavillon sud de l'hôtel de ville, s'évanouit parfois.

Et, d'autre part, la préfecture forme un trou noir. Aux fenêtres du cabinet du préfet et du secrétaire général, des ombres curieuses s'estampent.

Place Carrière, les fenêtres de la chorale Alsace-Lorraine, société organisatrice, sont magnifiquement illuminées.

Et la foule ne cesse d'augmenter. Des camelots ont installé leurs éventaires en plein vent. Ils offrent des programmes de la fête, des souvenirs tricolores.

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*   *

Sur la place arrivent les musiciens alsaciens de Bischwiller, reconnaissables à leur casquette blanche. M. Flury, commissaire central de police qui, avec M. Billard, dirige avec beaucoup de tact le service d'ordre, les fait placer contre la grille de la statue de Stanislas, pour qu'ils puissent jouir du coup d'œil dans, les meilleures conditions possibles.

Voici encore des membres de la Vogesia, de Strasbourg. Un de leurs compatriotes habitant Nancy me dit qu'ils ont été accompagnés à la gare de Strasbourg par une véritable foule.

Plusieurs ont eu la délicate pensée d'apporter aux enfants des Strasbourgeois devenus nancéiens de merveilleuses petites poupées revêtues du cher costume et coiffées du bonnet aux larges ailes.

Mais ces braves gens ont éprouvé une vive déconvenue en apprenant que les musique militaires de la garnison ne participeraient pas à la retraite, et nous en avons vu qui en avaient les larmes aux yeux.

L'arrivée des .musiques

A neuf heures sortent de l'hôtel de ville des jeunes gens porteurs de lanternes multicolores.

A neuf heures un quart débouche par la rue Héré le deuxième groupe qui s'est formé au carrefour des Trois-Maisons. Il arrive le premier.

Les gymnastes des Chasseurs nancéiens l'encadrent avec des torches. Des jeunes gens de bonne volonté portent des lampions.

Un certain nombre n'ont pas eu le temps d'aller quitter leurs vêtements de travail et ils ont, en sautoir, la musette de l'ouvrier.

Le premier groupe arrive deuxième par la rue Sainte-Catherine ; le troisième par la rue de la Constitution ; le quatrième par la rue Stanislas ; le cinquième par la rue Gambetta ; le sixième par la rue des Dominicains.

Le groupe qui débouche par la rue de la Constitution est particulièrement intéressant. Il comprend à peu près 150 porteurs de torches ou de lampions. Au milieu brûlent des feux de bengale. Des jeunes gens munis de bâtons marchent avec discipline en avant, en arrière et sur les côtés.

Ces jeunes gens des patronages, des Fraternités, ont répondu à l'appel qui leur a été adressé.

Des gymnastes catholiques défilent, le ballon sur l'épaule, en coquet costume. Voici encore les jeunes « zouaves » de la paroisse du Sacré-Cœur, portant le képi gris à bande rouge des soldats du général de Charrette.

L'Harmonie nancéienne, l'Harmonie des usines Lang, la Lyre lorraine jouent leurs morceaux les plus entraînants.

La musique de Colmar figurait dans un des groupes. Le publie a été frappé par son rythme plus lent que celui des musiques françaises.

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*   *

Sur la place, les membres du comité de la Chorale Alsace-Lorraine : MM. Bolliet, Ruzier, Farrouch, Thomas, etc., etc., rangent les divers groupes. On regrette beaucoup l'absence du dévoué président, M. Thiolère, qu'une maladie bien inopportune retient à la chambre.

L'Harmonie nancéienne et l'Harmonie des usines Lang se placent devant l'hôtel de ville. Les clairons de l'Harmonie nancéienne exécutent la retraite de pied ferme, puis l'Harmonie joue Sambre-et-Meuse.

L'Harmonie des usines Lang enlève un pas redoublé, puis les musiques réunies jouent la Marseillaise.

Le maire, les conseillers municipaux, etc., se tiennent aux balcons de l'hôtel de ville.

On applaudit l'hymne national. Des fenêtres noires de monde partent des acclamations et des bravos.

La dislocation

La dislocation s'opère maintenant. Il y a forcément quelques bousculades, mais on en prend son parti avec bonne humeur.

Les groupes parcourent. l'itinéraire que nous avons indiqué. Chacun d'eux est accompagné d'agents en tenue, et d'agents de la sûreté.

Rue Saint-Jean, c'est la plus pittoresque cohue qu'on puisse voir. Les tramways cornent désespérément pour avancer. Une voiture de laitier est en détresse au milieu de cette mer humaine et ne parvient à se dégager que grâce à la complaisance d'un brigadier de police, qui prend le cheval par la bride.

Mais les jeunes gens qui escortent les groupes ne se laissent pas « couper ». Ils croisent leurs bâtons et ils parviennent à fendre le flot.

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Et au milieu de toute cette rumeur, passent des sociétés de musique et des sociétés de musique qui viennent, d'arriver.

Et aussi, ô puissance de la pêche à la ligne, des « chevaliers de la gaule », traversent les rangs pressés. Ils s'en vont, avec leur lourd attirail, insoucieux de la musique, indifférents à l'harmonieuse Euterpe, attendre, dans la nuit noire, l'heure tant désirée de l'ouverture de la pêche

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Ajoutons encore qu'une brigade de gendarmerie à cheval avait été consignée dans la cour de l'hôtel de ville, et qu'à partir de 11 heures du soir, elle a fait jusqu'à une heure du malin, des patrouilles dans divers quartiers de la ville.

Enfin, des postes de gendarmes à pied avaient été placés à divers endroits pour intervenir au cas où l'on aurait profilé de ce que toute la police était de service, pour commettre des déprédations aux divers chantiers de charpente et menuiserie, délaissés par la grève.

Bref, à l'heure où nous terminons le compte-rendu, aucun incident fâcheux, à notre connaissance, n'a gâté cette belle soirée. Les conseils de la sagesse ont été entendus. C'est d'un heureux présage pour la suite des fêtes.

Concert de l'harmonie de Colmar

L'Harmonie de Colmar (Alsace), qui concourt en 1redivision, 1re section, donnera un concert à la Pépinière, dimanche, à 2 heures et le soir, au parc Sainte-Marie.

PROGRAMME

Directeur : Charles Lehmann, professeur de musique, compositeur.

1. A la Pépinière de Nancy, marche. Ch. Lehmann.

2. Élisabeth, ouverture. — Turine.

3. L'Arlésienne, n° 1, prél. — Bizet.

4. Andante de la Symphonie Posthume. — Fr. Schubert.

5. Rumanisches Liebesleben, valse. — Jyanovicci.

6. Prélude, fugue et choral. — E. Hubert.

7. Louise, grande fantaisie (Roman musical créé à l'Opéra-Comique). — G. Charpentier.

8. Au revoir Nancy, marche. — Ch. Lehmann. Le président : OBRECHT.


BmN Kiosque lorrain

L'Est républicain du lundi 17 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

Nancy, à l'aube du dimanche, s'est réveillée de très bonne humeur, dans le bruit des fanfares, et avec le souvenir de cette riante mais bizarre soirée de samedi, où, dans un décor de fête, des soldats- en armes remplaçaient, sur la place Stanislas, les musiciens militaires.

Ainsi que nous l'écrivions, hier, les fêtes n'en ont pas moins été brillamment inaugurées, et, samedi soir, certes, le groupement un peu hétérogène mais très vivant des musiciens et de leurs camarades, sur la place Stanislas, donnait, dans ce féerique et artistique décor, l'impression fort curieuse d'un rassemblement bien populaire — surveillé par les sentinelles, l'arme au pied.

Il paraît, et nous sommes heureux de nous faire l'écho de ce bruit, il paraît que, personnellement, M. le préfet de Meurthe-et-Moselle, a fait ce qu'il a pu pour apaiser les esprits, mais M. le préfet de Nancy — comme M. le commandant du 16e corps contrôlé par un colonel — a à compter avec les ordres venus de... Paris.

Quoi qu'il en soit, nous tenons à renouveler nos félicitations aux membres du comité de la chorale Alsace-Lorraine qui, au travers des difficultés, ont su mener à bien leur difficile tâche, tant samedi que dimanche, et une mention toute spéciale, est bien légitimement due à M. A. Dubost, secrétaire général du comité d'organisation et vice-président de la chorale.

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Entrons maintenant dans les détails de l'information sur

La journée de dimanche

Mais sait-on combien exactement de voyageurs sont arrivés à Nancy par les trains supplémentaires, samedi soir ? 10,388.

Toute la nuit et dimanche matin, les trains n'ont cessé de débarquer à la gare musiciens et curieux.

Toutes les sociétés vosgiennes — formant un effectif de 800 musiciens — sont arrivées dimanche matin.

Le ciel est assez sombre, mais le baromètre est au beau et il souffle un petit vent du Nord qui laisse espérer qu'il n'y aura pas de pluie.

Les sociétés se sont répandues allègrement en ville, jouant des pas redoublés ou des marches.

Légion d'honneur

A neuf heures, dans le grand salon de l'hôtel de ville, la municipalité de Nancy, composée de MM. Beauchet, maire ; Gérard, Mercier, Buttinger, adjoints, reçoit les membres du jury et du comité d'organisation.

Un vin d'honneur est servi.

MM. Guy Ropartz, directeur général du concours, et Bourgauit-Ducoudray, le professeur bien connu du Conservatoire de Paris, prennent place aux côtés de M. Beauchet.

Allocution de M. Beauchet

Le maire de Nancy prononce une allocution. Il remercie les membres du jury qui ont une tache difficile à accomplir. Il sait qu'ils la rempliront d'une façon parfaite et que leurs verdicts seront accueillis avec déférence par les diverses sociétés. Il souhaite cependant, que ces verdicts ne soient pas trop sévères.

M. Beauchet salue les chefs de musiques militaires, membres du jury. il ajoute que c'est la seule occasion -qu'il a de leur témoigner sa sympathie et qu'il regrette qu'ils ne puissent aller au plaisir comme ils vont à la peine.

M. le maire termine par un vif éloge des dévoués membres du comité d'organisation dont le nom restera attaché à la réussite de ce beau concours — dit-il — (Applaudissements.)

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Les membres du jury se sont rendus ensuite dans les salles, où doit avoir lieu, à huis clos, le concours de lecture à vue, salle Poirel, Éden, Casino, écoles, etc.

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L'animation ne cesse d'augmenter en ville. Des sociétés défilent, sans relâche, place Stanislas. Voici la Stainaise, d'Étain, la Fanfare de Raon-l'Étape et l'Harmonie, de Mouliers, près de Briey. Celle-ci est précédée d'une escouade de mineurs en tenue de travail, le pic ou la pioche sur l'épaule.

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Dans la matinée, nous avons fait un tour au « Nouveau-Nancy ». Ses habitants se sont réellement mis en frais d'imagination et de bon goût. Partout des guirlandes, des banderoles et tout un épanouissement de fleurs garnissent les balcons, formant aux fenêtres le plus gracieux encadrement.

Au Bon-Coin, un débitant a placé à la grille de son jardin quantité de petits pavillons portant les inscriptions : « Vive la Lorraine! Vive la musique! Soyez les bienvenu » etc, etc.

Entre onze heures et midi, la circulation est intense au Point-Central. Les terrasses des cafés sont bondées. Et encore des musique, toujours des musiques, dont les exécutants tendent rigoureusement les jarrets et soufflent dans les cuivres de toute la force de leurs poumons.

Le temps s'élève un peu. Un gai soleil se montre maintenant.

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Rappelons qu'à partir de une heure et demie, a y a eu concours d'exécution (public).

L'Incident de la Démocratique

On ne peut que féliciter la Démocratique de l'attitude calme qu'elle s'est décidée à adopter. Samedi, toutes sortes de bruits couraient. On annonçait que, la retraite du soir se heurterait à une contre-retraite, éclairée par des lanternes rouges. Rien ne s'est produit, samedi soir, et l'Éloile nous apporte dimanche matin l'heureuse nouvelle qu'il ne se produira rien de discordant. — On lit en effet dans l'Étoile :

« Privée par l'arbitraire municipal du plaisir de recevoir ses camarades du dehors, la Musique démocratique avait fait le projet d'aller passer son dimanche à la campagne. C'était le moins qu'elle pût faire pour ne pas porter ombrage à notre aristocratique municipalité. Mais pour sortir en corps, il faut à une société musicale l'autorisation de la mairie. Elle fit donc sa demande, et voici la réponse qu'elle reçut :

Nancy, 14 juin 1907.

L'adjoint délégué au service de la police prie M. lie secrétaire de la Musique démocratique de vouloir bien lui faire connaître, d'urgence, l'itinéraire de la sortie de dimanche et le programme des morceaux à exécuter. (Cachet de la mairie).

La société, par l'organe de son secrétaire, répondit paisiblement :

Monsieur l'adjoint, En réponse à votre honorée de ce jour, j'ai l'honneur de vous informer que l'itinéraire que suivra noire société dimanche, sera le suivant : Place Saint-Georges, rue du Manège, rues de la Primatiale, des Chanoines, Tiercelins, Montesquieu, de la Constitution, préfecture, place Stanislas, rues Stanislas, d'Amerval, de la Pépinière, place de l'Académie, rues de Sere, Mazagran, place Thiers, faubourg Saint-Jean, rues Jeanne-d'Arc, de Mon-Désert, de Villers. Quant au programme, il est laissé à l'initiative au chef de musique. Il ne comprendra pas d'ailleurs l'hymne que M. le maire nous reproche d'avoir joué, car l'hymne en question n'a du reste jamais été joué dans les rues de Nancy par notre société. Veuillez agréer, etc. Signé : Le secrétaire.

Il semble que cet itinéraire et ce programme n'avaient rien de subversif. C'est une erreur. M. Grillon père demeure rue des Chanoines et M. Maringer, l'ancien maire républicain que regrette Nancy, habite rue Saint-Jean. Sans compter que la préfecture se trouvait sur le parcours. Des aubades étaient possibles. Il fallait changer cet itinéraire révolutionnaire. Voici ce que répondit M. l'adjoint chargé de la police des musiques et de la destruction des arbres :

Je ne puis pas autoriser la M. D. à suivre demain pour se rendre à Villers, l'itinéraire que vous indiquez dans votre lettre du 14 courant.

Cette musique devra donc, au départ, suivre exactement l'itinéraire suivant : Rues Drouin, des Tiercelins, Sainte-Anne, Charles-III, Abbé-Didelot, rue de Mon-Désert, Bon-Coin, rue de Villers.

Le même itinéraire devra être suivi pour le retour.

Je crois devoir vous prévenir qu'au cas où ces prescriptions ne seraient pas exactement suivies, la Musique démocratique s'exposera à être arrêtée et dispersée par le service de la police.

Veuillez agréer, etc...

P. le maire, l'adjoint délégué,

Signé : MERCIER.

Nous croyons savoir — conclut l'Étoile qu'en la présence de cet ukase, ne voulant point céder à ce caprice manifestement illégal, ni s'exposer, en passant outre, à se voir accuser faussement de vouloir troubler la fête, la Musique démocratique a décidé de renoncer à sa sortie.

Quant à l'Est républicain, il conclura :

C'est encore une très heureuse inspiration qu'a eu là la Démocratique. Il va de soi qu'une longue promenade de ses musiciens, à travers les rues animées, dimanche n'aurait guère contribué, malgré le talent des exécutants, à maintenir l'harmonie…

*

*   *

L'après-midi et la soirée de dimanche

L’après-midi de dimanche a été heureusement favorisée par le beau temps.

Aussi, quelle animation, quelle gaieté en ville.

Dès une heure après-midi, les musiques sillonnent les rues. Les unes jouent Sambre-et-Meuse, les autres la Marche de Turenne. Les clairons jettent leurs notes les plus hantes et tes tambours résonnent sous les rra et les lla énergiques.

Au Point-Central, l'Harmonde de Thaon est déclamée. Plus loin ce sont les sociétés alsaciennes, dont chacun se plaît à louer l'excellente allure et belle tenue.

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On remarque que les officiers restant de la garnison sont en grande tenue avec képi, pompon et épaulettes.

Bref, aux quatre coins de la ville, des flots, des vagues d'harmonie, trompes chasse, fanfares, musiques, trompettes, s'en donnent à cœur joie.

Au parc Sainte Marie

A partir de deux heures de l'après-midi, une foule, qu'on peut évaluer à trois mille personnes, se pressait au parc Sainte-Marie, où de nombreuses sociétés de musique venaient tour à tour se faire entendre.

La plupart des monceaux, fort joliment enlevés, ont été salués par les applaudissements unanimes de la foule.

A quatre heures, les sociétés se sont dirigées à travers le Nouveau-Nancy vers la place de la Carrière, pour prendre part au défilé.

La fête de nuit a été tout simplement superbe.

Le défilé

Suivant Je programme, les sociétés — au nombre de 99 exactement — se sont réunies à quatre heures place de la Carrière, pour le défilé.

Un important service d'ordre a été organisé avec l'aide d'un bataillon du 69e, qui dégage entièrement la place située devant le palais de justice et l'espace compris entre les arbres.

Au fur et à mesure que les sociétés ont terminé leur concours elles se rendent sur la place de la Carrière en jouant les marches les plus entraînantes. Dans la foule, on échange des impressions sur les costumes des sociétés, on admire particulièrement celle de Lausanne, dont les membres, coiffés d'un chapeau de paille au ruban aux couleurs du canton, portent un petit bouquet de raisins blancs et d'épis de blé.

Nous avons déjà donné l'ordre de ce défilé.

Nous ne le reproduirons donc pas de nouveau. Bornons-nous à rappeler que la première société — qui défile — est le Réveil de Frouard.

Le cortège est clos par l'harmonie de Moutiers, qui est précédée de mineurs en costume de travail, coiffés du dur chapeau de cuir et portant sur le pic ou la pioche

Il a suivi les rues Héré, la place Stanislas (côté du café Glacier), la place Stanislas (côté de l'hôtel de ville), les rues des Dominicains. du Pont-Mouja, Saint-Nicolas, Charles III, Saint-Dizier. d'Amerval, Lafayette, les places des Dames, Saint-Epvre, Carrière (palais du gouvernement), la Pépinière (allée centrale) pour se réunir dans l'enceinte du concours hippique.

Est-il besoin de dire que de chaque côté des rues traversées se trouve une foule compacte. Les fenêtres sont amplement garnies et on acclame les vaillants musiciens.

Les sociétés alsaciennes sont particulièrement acclamées par le public On se découvre à leur passage. Des hurrahs retentissent. Dans la foule, on voit plus d'un spectateur essuyer une larme.

Le festival à la Pépinière

L'enceinte du concours hippique est bondée au moment où arrivent les sociétés.Les tribunes sont pleines de monde. A la tribune est assis M. Beauchet, maire, à ses côtés, MM. Ruttinger et Mercier, adjoints. M. Guy Ropartz vient bientôt les retrouver.

Le défilé des sociétés commence devant les tribunes. La plupart ont inscrit sur leurs pancartes les récompenses qu'elles ont obtenues dans la journée. Les sociétés alsaciennes continuent à être acclamées. Leurs membres, brandissant des bouquets tricolores, saluent joyeusement.

La foule devient de plus en plus dense. On-se bouscule, on se presse, mais comme la bonne humeur règne partout, on ne signale aucun incident fâcheux.

Le ciel est d'une absolue pureté, le soleil brille radieux, la fête bat son plein.

Les bannières des différentes sociétés s'espacent devant les tribunes. Devant la tribune d'honneur, on a placé debout deux jeunes filles costumées d'une façon charmante, en Lorraine, en Alsacienne, qui accompagnaient une des sociétés alsaciennes-lorraines. Tout à m'heure, M. Castara, maire de Lunéville, qui accompagne la fanfare municipale de cette ville, viendra les prendre par la main et les fera monter sur l'estrade, aux côtés du maire de Nancy.

…Et le défilé des sociétés continue toujours. Les sociétés chorales se placent sur une estrade qui a été dressée devant les tribunes. Un signal est donné. Trois mille exécutants, choristes et instrumentistes entonnent une marche triomphale d'allure très entraînante, avec des fanfares éclatantes qui déchirent les airs, et qui a été écrite par M. Miliot, le sympathique ancien chef de musique. Les applaudissements éclatent de toutes parts.

Auparavant, la Marseillaise jouée et chantée, avait été écoulée debout et chapeau bas par l'assistance.

On attend ensuite l'interprétation du cœur des Moissonneurs, paroles de René d'Avril, musique de M. Fanbry chef de musique du 37e de ligne.

Ce chœur devait être accompagné par la musique du 26e de ligne. Au dernier moment, à cause de la suppression des musiques militaires, c'est l'harmonie des usines de Belfort qui a du l'apprendre. Mais ne voilà-t-il pas que cette société a oublié les parties à l'hôtel où elle était descendue!

On n'entendra donc pas les Moissonneurs. Les Moissonneurs sont fauchés!

Alors de tous côtés, les clairons sonnent le rassemblement. Les sociétés se reforment. La sortie commence. Lentement le public s'écoule par les allées ombragées de la Pépinière. Et parmi les rues noires de monde, tandis que les drapeaux battent doucement dans la brise du soir, tandis qu'aux terrasses des cafés s'agitent les serveurs affairés, les sociétés, les fanfares, les harmonies, les chorales regagnent leurs campements respectifs aux accents accélérés marches entraînantes.

La réception des sociétés vosgiennes

A 7 heures, a, eu lieu dans une salle annexe de l'école professionnelle de l'Est, la réception par la Mutuelle vosgienne de Nancy, des sociétés vosgiennes ayant pris part au concours : 15 sociétés et 800 musiciens.

La réception avait été organisée avec le plus grand soin.

La salle avait été décorée à merveille. Au dessus des places d'honneur un élégant baldaquin, surmonté de dentelles, du plus gracieux effet, avait été dressé.

M. Courroy, président de la Mutuelle vosgienne, préside, ayant à ses côtés, MM. Beauchet maire, Grillon, député Lederu, conseiller général, Brajon, conseiller d'arrondissement des Vosges. Herbier, président d'honneur de l'Harmonie nancéienne, Thiot, architecte, organisateur de la réception, Denis, directeur de l'école professionnelle, etc.

Le champagne une fois versé dans les flûtes, M. Courroy remercie toutes les personnes qui ont contribué au succès de cette belle réunion. Il adresse un souvenir ému à la mémoire de M. Husson, trésorier de l'Association, récemment décédé, est il remercie tout particulièrement M. Denis de son aimable hospitalité. (Applaudissements.)

M Beauchet se lève ensuite. Au nom de la ville de Nancy, il salue les sociétés musicales vosgiennes; il leur adresse ses vives félicitations pour les résultats flatteurs qu'elles ont obtenus.

Puis il évoque des souvenirs personnels sur les Vosges, et il boit finalement au département des Vosges « intégral ». (Applaudissements.)

Des allocutions sont encore prononcées par MM. Grillon et Brajon.

*

*   *

Puis les sociétés vosgiennes se retirent enchantées de cette cordiale réception si réussie.

On applaudit, d'une façon toute particulière, les clairons vosgiens d'Épinal, d'une si crâne allure, avec leur tenue de chasseurs alpins.

La soirée

Pendant que les orphéons qui ont obtenu un premier ou deuxième prix dans le concours soit pour la lecture à vue, soit pour l'exécution, procédaient à leur concours d'honneur, à la salle Poirel ou au Casino, la foule s'amusait sur la place Stanislas et à la Pépinière pour admirer les illuminations et écouler les concerts qui devaient y être donnés par diverses sociétés, à défaut de musiques militaires.

Nous n'avons plus à faire l'éloge des illuminations de la Pépinière. Elles étaient tout simplement féeriques, hier soir, sous les frondaisons épaisses et dans leur magnifique épanouissement de juin.

Les étrangers semblaient émerveillés du splendide coup d'œil que présentait notre belle promenade, illuminée de mille feux, sortant des innombrables verres de couleur disposés en guirlandes et des multiples ballons lumineux semés dans les arbres, pendant que les lampes à arc déversent la lumière électrique heureusement atténuée par les lanternes oranges disposées autour des globes au verre trop cru.

Au parc Sainte-Marie également, c'était une vraie débauche de lumière et les habitants du Nouveau-Nancy ont pu faire admirer aux musiciens cantonnés dans ce quartier, cette nouvelle et superbe promenade aux allures de parc seigneurial, avec ses hautes futaies.

La soirée aurait donc été parfaite, si un très ennuyeux accroc n'était survenu au programme.

La Pépinière, — nous venons de le dire — était absolument bondée de promeneurs. — Outre l'attrait des illuminations, en effet, le public avait été amené là par la promesse d'entendre et d'applaudir une des meilleures musiques alsaciennes.

On s'était disputé les chaises, dont pas une n'était restée libre. Huit heures et demie sonnent. Aucune musique n’apparaît sous le kiosque. Neuf heures arrivent, aucun musicien. On met le retard sur leur dîner copieux et prolongé et l'on excuse volontiers les musiciens, mais on s'ennuie, on s'impatiente lorsque sonnent neuf heures et demie, puis les trois quarts, puis les dix heures. Alors, on murmure...

Quelques loustics poussent soudain à pleine voix : «Musique! Musique! » Tout le monde se retourne comme par enchantement. On applaudit à tout hasard des musiciens hypothétiques! Hélas! Il n'y a pas encore de musiciens...

Il faut pourtant bien en prendre son parti. La brise fraîchit et insinue des caresses trop éloignées de la canicule sous les minces corsages d'été. Les petits enfants se sont endormis. Il faut partir.

Et part en maugréant, tandis que les illuminations commencent çà et là à prendre des feux atténués.

Mais, place Stanislas, une aubade ramène un peu de bonne humeur. Aubade ? Non. C'est plutôt une sorte de bal champêtre.

Un trio de musiciens, qui jouent d'ailleurs à ravir tout un répertoire de danses endiablées, est assis non loin de la statue de Stanislas, et fait succéder les valses aux polkas et les polkas aux mazurkas.

Soudain, quelques couples se forment, et l'on se met à danser sur la place, tout comme si l'on se fût trouvé sur La noble pelouse de Bouxières!...

Et c'est d'excellente humeur, après cet intermède amusant, que les familles nancéiennes s'en furent se coucher.

Pendant toute la nuit, des bandes joyeuses de musiciens et de choristes ont circulé dans les rues, chantant les derniers refrains des cafés-concerts, et jusque fort avant dans la nuit, nos divers établissements ont regorgé de monde.

La journée de lundi s'annonce magnifique, à quatre heures du matin.

LES PRIX

Liste des prix du concours de musique


BmN Kiosque lorrain

L'Est républicain du mardi 18 juin 1907

Grand concours international de musique de Nancy - 15, 16, 17 Juin 1907

M. Gabriel Parés, cher de la musique de la garde républicaine, a pris part aux opérations du jury, salle Poirel. Il était en civil.

Rappelons qu'en 1881-82, M. Parès a été à Nancy chef de la musique du 69e régiment que commandait alors le colonel Pouilloue de Saint-Mars.

Il y est resté 18 mois environ et est passé ensuite à, la musique des équipages de la flotte, la deuxième de France, venant aussitôt après celle de la garde républicaine.

La journée de lundi

La matinée

La dernière journée du concours a été favorisée par une température à souhait.Aussi nombre de musiciens ont-ils été matinaux et sont-ils allés faire une promenade aux environs de Nancy.

Plusieurs groupas ont même escaladé les pentes du plateau de Malzéville.

Il faisait délicieux. Le ciel était pur.

Une agréable fraîcheur sortait de la terre, donnait plus d'éclat aux vertes frondaisons.

Vers .huit heures, l'animation a commencé à régner de plus belle en ville. Les musiques se groupent, se rassemblent.

A 10 heures, a eu lieu le concours d'honneur pour les harmonies, fanfares, trompettes et trompes de chasse (salle Poirel, Casino, Éden, cirque, etc., etc.)

*

*   *

De 10 heures à midi, les rues ont été, bien entendu, sillonnées par les musiques infatigables.

De nombreux ateliers ont fermé leurs portes. Mais on travaille dans un certain nombre de banques et d'administrations privées.

Le banquet

A midi, dans le grand salon de l'hôtel de ville, a été servi le banquet offert par la municipalité aux membres du jury et du comité d'organisation.

M. Beauchet, maire de Nancy, préside, ayant à ses côtés, MM. Bourgault-Ducoudray, professeur au Conservatoire de Paris ; Guy Ropartz, directeur du Conservatoire de Nancy ; les adjoints ; les conseillers municipaux ; les membres du comité d'organisation et du jury ; les présidents des sociétés, etc., etc.

En tout deux cents couverts.

Le menu, dû à la maison Walter, est exquis. L'Harmonie nancéienne se tient dans le Salon carré et joue pendant le banquet.

MM. de Ludre, député ; docteur Hahn, résident supérieur honoraire ; Savard, directeur du Conservatoire de Lyon ; Barrabino, président du tribunal civil ; Michelot, inspecteur de l'enseignement musical ; Dubost, secrétaire général du concours ; Vreuls, directeur du Conservatoire de Luxembourg, assistaient aussi au banquet, à la table d'honneur.

A l'heure des toasts, M. Bcauchet prend ie premier la parole.

Discours de M. Beauchet

Voici, à titre documentaire, le discours prononcé par M. Beauchet, maire de Nancy :

« En l'absence de M. le préfet, mon premier devoir est de vous proposer la santé de M. Fallières, président de la République.

En levant tous nos verres en l'honneur du premier magistrat de la nation, nous ne réaliserons peut-être pas l'idéal de l'harmonie moderne, qui se plaît surtout aux dissonances, nous réaliserons une autre harmonie, qui n'est ni moins belle ni moins désirable, celle de tous les bons et loyaux citoyens de la République française s'inclinant respectueusement, dans un accord parfait, je dirai mieux à l'unisson, devant celui qui incarne aujourd'hui, aux yeux du monde, notre chère et belle patrie. (Applaudissements.)

J'ai ensuite, messieurs, une tâche bien douce et bien facile à remplir, celle d'adresser au nom de la municipalité et de la ville de Nancy, l'expression de noire plus sincère gratitude à tous ceux qui, directement ou indirectement, se sont dévoués à la réussite de ce beau concours, dont l'éclat a égalé et même dépassé celui du grand concours de 1885.

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*   *

Merci d'abord aux sociétés qui ont assuré la lourde lâche de l'organisation de ce concours ; merci à la Chorale Alsace-Lorraine, à la Chorale de l'Est, à l'Harmonie nancéienne, à la Lyre lorraine, à l'Harmonie des Usines Lang, à toutes ces vaillantes sociétés qui ne connaissent d'autre hymne national républicain que la Marseillaise, à ces sociétés patriotes dont les bannières sont un drapeau tricolore (hélas! toujours voilé de crêpe pour la Chorale Alsace-Lorraine), ce drapeau qui a glorieusement parcouru le monde en semant,de ses plis aux trois couleurs sur les nations émancipées, les idées qui découlent de notre belle devise républicaine : liberté, égalité, fraternité.

Je bois spécialement à la Chorale Alsace-Lorraine qui, après avoir pris l'initiative de ce concours, a assumé, dans sa préparation, la plus lourde part, heureuse, après avoir récolté, sur tant d'autres théâtres lauriers, palmes et couronnes, d'offrir son tour aux sociétés qui sont aujourd'hui nos hôtes, une riche moisson de récompenses, bien légitimement gagnées et que nous serons heureux de leur distribuer tout à l'heure.

Je bois particulièrement, et de grand cœur, à son sympathique président, l'infatigable secrétaire général du concours, M. Dubost. Sa joie de voir cette belle fête couronnée d'un plein succès, dû pour une bonne part à son immense labeur, a dû se mêler parfois d'un sentiment douloureux, enrecevant à Nancy ses frères d'Alsace, séparés de nous aujourd'hui par une de ces frontières qui n'auront jamais qu'un caractère nominal et bien fragile, tant que les deux peuples, brutalement séparés par un coup de force, resteront unis dans un même sentiment d'estime et d'affection réciproques, unis aussi dans le culte d'un même idéal, celui que nous ont légué nos pères communs, un idéal de bonté, de justice, et de liberté.

Je bois à messieurs les membres du jury, qui nous ont prêté un concours si dévoué, remplissant une tâche parfois ingrate, mais procurant aussi les plus dousses satisfactions, celles qui parlent au cœur en même temps qu'à l'esprit. (Applaudissements.)

Je lève ensuite mon verre en l'honneur de MM. Fauré et Bourgault-Ducoudray : M. Fauré, l'éminent directeur du Conservatoire de Paris, qui s'était mis à notre disposition avec une bonne grâce dont nous lui savons un gré infini et que des circonstances indépendantes de sa volonté ont seules empêché de se joindre à nous. M. Bourgault-Ducoudray qui a mis le plus gracieux empressement à suppléer son directeur.

Je suis heureux de boire à ces deux représentants de la musique vraiment française dont à plusieurs reprises nous avons eu la joie d'applaudir les œuvres charmantes, magistralement interprétées par l'orchestre de notre Conservatoire, ces œuvres parsemées de mélodies ravissantes, si fraîches et si orignales, soutenues en même temps par la sincérité et de la chaleur qui constituent le fond de notre âme nationale.

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Je suis, d'autre part, très heureux et fier en même temps de boire au président effectif de ce concours, à M. le directeur du Conservatoire de Nancy, qui s'est dépensé sans compter pour le succès du concours, M. Ropartz, dont je ne veux pas blesser la modestie en faisant un éloge qui se trouve sur toutes les lèvres, et dont je dirai simplement qu'il a su, grâce à son opiniâtreté ou plutôt à sa foi, donner à notre chère cité, au point de vue musical, parmi les villes de France, un renom égal à celui que lui a justement mérité, à d'autres égards,son activité scientifique, artistique ou industriel.

Je suis ravi de pouvoir ici, devant cette assemblée d'élite, lui adresser au nom de tous nos concitoyens, l'expression de notre sincère et profonde gratitude.

Je bois aussi à l'armée, dont les chefs et les soldats nous ont prêté dans la mesure qui leur a été permise, un concours si dévoué, à l'armée qui, permettez-moi de le dire dans une fête musicale, provoque la plus intime, mais aussi la plus noble et la plus sainte des harmonies, celle avec laquelle vous ne pourrez jamais rivaliser, messieurs quel que soit votre talent, l'harmonie qui résulte du battement de nos cœurs émus, de nos paupières humides à la vue du drapeau qui passe, du drapeau portant dans ses plis tricolores le passé et l'avenir de la France, un passé fait sans doute de succès et de revers, mais toujours glorieux et pur, un avenir fait d'irréductibles espoirs dans les destinées de notre chère patrie.

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J'adresse, au nom de la ville de Nancy l'expression de nos affectueux remerciements aux nombreuses sociétés qui des divers points de la France, des pays voisins et amis, d'Alsace-Lorraine, du Luxembourg et de la Suisse, ont si aimablement répondu à notre appel.

Elles conserveront, je l'espère, de l'accueil qui leur a été fait dans la capitale lorraine un amical souvenir qui les engagera à venir nous rendre une nouvelle visite, en 1909, à l'occasion de l'Exposition que nous projetons, ou plutôt qui marche déjà d'un pas ferme et sûr vers sa réalisation.

Elles y verront une splendide manifestation de notre génie lorrain, de notre âme lorraine, en même temps qu'une chaleureuse attestation de notre patriotisme, tendu, comme celui de toutes les autres provinces, mais avec plus d'intensité peut-être, vers ce but commun, la grandeur et la prospérité de la France républicaine. » (Applaudissements.)

M. Bourgault-Ducoudray prononce ensuite quelques paroles émues ; il transmet les excuses de M. Gabriel Fauré et fait un très vif éloge du concours de Nancy

En termes éloquents, l'orateur montre ce qu'est l'art musical populaire ; il lève son verre à M. Guy Ropartz qui a doté Nancy de concerts symphoniques ayant une renommée universelle ». (Applaudissements.)

M. Beauchet lit ensuite un télégramme d'excuses de M. Marin, puis M. de Ludre lève son verre à la belle fête de ce jour si cordial. (Applaudissements.)

M. Brody, critique musical, et M. Dubost prononcent encore des toasts très applaudis.

Le président de la Vosègia, de Strasbourg, remercie de l'accueil réservé à sa société ; il boit à M. le maire de Nancy et à la ville de Nancy. Il termine par un énergique : « Vive la France. »

Mais l'heure s'avance. Les convives se retirent pour se rendre au lieu de la distribution des prix.

Sur la place Stanislas, la foule arrive peu à peu. La Vogesia, de Strasbourg, après avoir diné en corps au restaurant Walter, joue à trois heures un morcear sur la place, puis va ensuite se faire entendre devant l'hôtel de ville.

D'autres musiques arrivent, entraînant derrière elles, un nombreux public.

Quelques incidents

Quelques incidents heureusement sans importance, se sont produits à. l'occasion du concours de musique. C'est ainsi que les décisions du jury qui fonctionnait dimanche soir, salle Poirel, et dont faisaient partie notamment MM. Guy-Ropartz et Bourgault-Ducoudray, n'ont pas satisfaient certaines des sociétés chorales concurrentes.

Il s'agissait, on le sait, du concours d'honneur, c'est-a-dire du concours organisé entre les sociétés ayant obtenu un premier prix au concours de lecture ou d'exécution.

Or, le jury s'est montré assez sévère, et n'a pas donné de premiers prix d'honneur à certaines sociétés qui, à tort ou à raison s'en croyaient dignes. D'où cris et grincements de dents à la sortie. Des membres d'une société ont manifesté hautement et bruyamment leur mécontentement.

D'autre part, certaines sociétés, auxquelles on avait annoncé dimanche qu'elles pourraient prendre part au concours d'honneur, n'ont pas été admises lundi à. concourir.

Cela tient à une confusion d'ailleurs très explicable, qui s'est produite dans certains jurys.

Le règlement porte en effet que, seules participeront au concours d'honneur les sociétés ayant obtenu un premier prix ou un second prix de lecture à vue ou d'exécution. Certains jurys avaient cru que les seconds prix donnaient droit au concours d'honneur et en avaient informé les sociétés bénéficiaires de seconds prix.

Vérification plus attentive faite du règlement, l'erreur fut reconnue. Il faut ajouter que la plupart des sociétés se sont inclinées avec bonne grâce.

On signale cependant que certains membres de l'une d'elles ont affirmé leur mécontentement lundi vers midi, en chantant rue Saint-Georges, des refrains révolutionnaires.

L'incident, au surplus, n'a pas eu de suite et n'a pas autrement d’importance.

En résumé, les fêtes du concours de musique se sont bien passées et ont merveilleusement réussi.

Elles ont donné pendant deux jours à Nancy un aspect intense de vie et de gaïté débordantes.

Lundi après-midi, dès une heure, de nombreuses sociétés de musique ont quitté Nancy, pour retourner dans leurs résidences.

Ce départ un peu hâtif était motivé par ce fait : Les trains se dirigeant vers les régions où elles habitent sont peu nombreux, et que si elles avaient manqué ces trains de l'après-midi, il leur aurait fallu attendre demain, c'est-à-dire passer encore une nuit à. Nancy.

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*   *

Beaucoup de personnes, comme nous l'avons dit, se sont étonnées qu'il n'y ait pas eu de concert dimanche soir à la Pépinière.

On nous écrit à ce sujet :

« M. Bapst, le concessionnaire des chaises sur les promenades publiques, sachant que les musiques militaires ne devaient pas par ordre supérieur, jouer dimanche soir à la Pépinière, s'était rendu à la permanence du concours pour demander que des sociétés civiles remplacent les musiques miltlaires.

Il lui fut répondu que trois ou quatre sociétés se feraient un plaisir de se faire entendre- dimanche soir à la Pépinière.

Or, rien n'est venu et le public, qui était assis sur les chaises, refusa de payer le montant de leur location.

Dans ces conditions, le concessionnaire subit une perte de 4 à 500 fr.

Ajoutons qu'également au parc Sainte-Marie, il n'y a pas eu concert.

Ces incidents étaient assez vivement commentés en ville.

La statue de Stanislas

Nous recevons diverses lettres au sujet de la statue de Stanislas. Nos lecteurs se plaignent qu'alors que toute la place flamboyait, on ait laissé dans l'obscurité la statue du malheureux roi de Pologne.

Mon Dieu, comme la statue est loin d'être un chef-d'œuvre, on n'a peut-être pas tenu à attirer sur elle plus que de raison l'attention des étrangers!

La distribution ces récompenses

Le banquet terminé, les sociétés restant encore à Nancy se sont dirigées vers la Pépinière où a eu lieu, dans l'enceinte du concours hippique la distribution des récompenses.

Dans toute notre belle promenade, l’affluence est énorme.

Aux abords de l'enceinte, de nombreux groupes, fatigués d'avoir suivi les musiques, sont assis sur les pelouses.

Dans l'enceinte, c'est une véritable cohue, tant le public est nombreux. La foule a envahi toutes les tribunes, ainsi que la partie qui est devant la tribune d'honneur, où ont pris place M. Beauchet, maire, les adjoints, les membres du jury, etc.

quatre heures et demie, le clairon sonne « Au drapeau », les bannières, drapeaux, étendards se rassemblent devant la tribune d'honneur.

La tâche est ardue, car la foule est tellement dense que les agents ont peine à obtenir un léger passage pour chaque société.

Enfin lorsque, dans un désordre aussi inévitable que pittoresque, les divers emblèmes se sont groupés, M Bauer s'avance au bord de la tribune, tenant à la main gauche un long papier.

D'un geste large, il commande le silence. Puis d'une voix forte, il donne lecture de la liste des récompenses.

Les couronnes, palmes, médailles, diplômes, sont remis au représentant de chaque musique. Cette distribution se termine à six heures.

Après cette cérémonie ultime, il faut songer à quitter Nancy. Pour beaucoup de musiciens, cela est un véritable crève-cœur, surtout pour les Alsaciens qui sont enchantés de leur séjour.

Les membres de la « Vogesia », de Strasbourg, en quittant l'enceinte du concours hippique, ne veulent pas, disent-ils, quitter la ville sans avoir dansé avec des Françaises. Aussitôt, quelques membres jouent des valses entraînantes. Les plus jeunes engagent quelques jeunes filles et les couples tournent bientôt, entraînés par les captivantes valses alsaciennes.

Les danses continuent pendant quelque temps, puis la société se reforme et le bal cesse au grand regret de tous et de toutes.

Le départ

Vers six heures du soir, l'aspect de la gare pressentait un aspect des plus pittoresques. C'était le départ de multiples sociétés et de nombreuses personnes, qui avaient tenu à les accompagner à Nancy.

Si la soirée de lundi n'a pas été aussi animée que celle de dimanche, elie n'a pas cessé cependant d'être très gaie. Sur divers points de la ville, des musiciens jouaient, en plein vent des airs joyeux.

Mais les forces humaines ont des limites. Songez, beaucoup de musiciens étaient partis, samedi, dès les premières heures de la matinée. On a beau être jeune, un voyage heurté, cahoté, ballotté, sur les banquettes d'un train, né manque .pas d'être fatigant.

Joignez à cela le labeur de dimanche et l'insomnie forcée.

Malgré cas causes fâcheuses les musiciens n'avaient pas perdu courage, et, lundi soir, ils soufflaient encore allègrement.

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Toute la nuit, des clairons, des ophicléides, ont encore résonné.

Mardi matin, à l'aube,on voyait dans les rues quelques théories de musiciens qui avaient voulu jouir de la vie de la grande ville jusqu'à l'extrême limite du temps qui leur était accordé.

C'est la figure fatiguée, fourbu, qu'ils se dirigeaient vers la gare, où ils allaient prendre le train, en partance, qui devait les ramener au pays natal.

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Somme toute, le concours de musique se termine sous une impression favorable.

Il est évident qu'on a fort regretté l'absence de l'élément militaire, qui apporte, partout où se présente, une impression excellente d'autorité, de force et de discipline.

Mais enfin nous croyons-nous et cela est l'essentiel — que tous les étrangers ont rapporté de Nancy un durable souvenir.

Ils ont admiré notre belle ville « aux portes d'or », ils ont compris ce qu'était son glorieux passé, son avenir, qui s'annonce sous d'heureux auspices! Et c'est quelque chose.

Nous devons ajouter encore une « note » à ce compte-rendu. En attendant le banquet, les invités ont été admis à visiter le musée — même trop peu connu des Nancéiens — de l'hôtel de ville.

Ils ont admiré, comme il convenait, les superbes toiles évoquant tout le passé de notre petite patrie, depuis la bataille de 1477 — où périt Charles-le-Téméraire, le « grand-duc dOccident » — jusqu'à cet épisode de Béni-Mered, où le sergent Blandan du 26e de ligne trouva l'immortalité.

Et ainsi s'affirma ce que nous avons d'excellent, nous autres Lorrains, l'amour de la petite patrie — qui nous fait chérir plus encore la grande — et le respect des traditions les plus vénérables dont est pétrie notre histoire nationale.



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