BmN Kiosque lorrain

L'Est républicain du samedi 23 octobre 1909

Fête de la Vigne et du Houblon

Voir les carte postale sur Nancy hier

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Le programme

Dimanche, à une heure de place Carrière, face du Palais du Gouvernement, sur la chaussée Est, se masseront les chars suivants :

1° Char de Noé, (subventionné par le, comité de la fête). Dans une caverne, Noé est entouré de ses fils, et sous l'empire d'une jovialité correcte, se laisse aller à d'innocentes plaisanteries.

Des aigles, des hiboux, des chouettes planent autour d'eux.

2° Char de la Taverne du moyen-âge (subventionné par le Consortium des brasseries) ; dans une taverne pittoresque du moyen-âge, de gais escholiers vident des hanaps de bière mousseuse et chantent d'alertes refrains.

3° Char du Renard et des Raisins (subventionné par le comité de la fête) ; épisode célèbre du Renard et des Raisins, d'une gracieuse fantaisie décorative.

4° Char au Travail, (conçu et construit par la maison Frunhinsholz) ; ce char est une puissante évocation du labeur humain.

5° Char du Houblon et de l'Orge (subventionné par le Consortium des brasseurs) ; de jolies lorraines en costume régional y sont groupées, sous des plants de houblon et des tiges d'orge.

6° Char-Surprise (conçu et construit par la maison Frunhinsholz) ; une attraction sensationnelle garnira ce char.

7° Char des Vendanges (conçu et exécuté par la maison Cordier, de Toul) ; vendangeuses et vendangeurs du Toulois s'y apprêtent à la fête.

8° Char et cortège de la Bouillie sucrée Michel Perret, victorieuse de cryptogames ennemis de la vigne (Conçu et exécuté par la maison Knecht frères );: deux coursiers traînent un char triomphal romain où sont la Bouillie sucrée Perret victorieuse et le Vignoble délivré sous les traits d'une impératrice et d'un empereur romains. Enchaînés, les microbes, les champignons ennemis de la vigne suivent captifs, entourés de centurions à cheval et de gardes, porteurs d'enseignes et de trophées.

9° Char des vins de Toul ou de la longévité (conçu et exécuté par la maison Cordier, de Toul );; ce char rend hommage aux vins renommés du Toulois et fait admirer deux vénérables centenaires, heureux d'avoir dépassé un siècle sans avoir abandonné l'usage du vin.

10° Char du Champagne (subventionné par le comité de la fête) ; le Champagne pétillant, aux élégantes bouteilles d'or et d'argent. Au centre, une bouteille géante indique la popularité de ce vin si français, si recherché dans tout le globe.

11° Char de la Brune et de la Blonde (subventionné par le Consortium des brasseries). Entre deux bocks de dimensions colossales, emplis de bière, brune et blonde, un jeune enfant s'efforce de saisir les deux poignées pour goûter et comparer.

12° Char du Champagne Delbeck (subventionné par la maison Delbeck, de Reims). De goût classique, ce char représente heureusement la grande marque rémoise.

13° Char de Gambrinuo (conçu et exécuté par la maison Frunhinsholz), personnifiant cette bière que des tonneaux de luxe livrent dans toutes les parties du monde.

14° Char des vins d'Alsace (subventionné par le comité de la fête) ; de jeunes Alsaciennes, groupées sous une coquette tonnelle, dégustent le Riquewihr doré.

15° Char de Bacchus (conçu et exécuté par la maison Fruhinsholz) ; après le triomphe de Gambrimus, c'est le glorieux Bacchus, protecteur du vin, monté sur un foudre gigantesque.

16° Char des crus de France (subventionné par le Syndicat des marchands de vins en gros de Meurthe-et-Moselle). Ce char, de fière conception, représente l'apothéose de nos crus célèbres de France, et de jolies filles en costumes éclatants ornent les degrés. Un drapeau tricolore claque au vent.

Puis de rapides automobiles, décorées de vigne, de raisins et de houblon, destinées au jury, des bicyclettes, des voiturettes, animaux fleuris termineront ce bel ensemble.

L'itinéraire

A une heure de l'après-midi, les chars et divers véhicules seront massés place Carrière, et, à deux heures, le cortège renforcé par les Trompettes nancéiennes, l'Hallali de Malzéville, la musique du groupe Bara et la remarquable harmonie alsacienne de Schiltigheim, suivra l'itinéraire officiel, ne varietur :

Place Carrière, rue Héré, place Stanislas, préfecture, hôtel de ville (municipalité et Société industrielle), Cercle militaire, rue Stanislas, rue Saint-Dizier, rue Gambetta, Chambre de commerce, place Thiers (le tour complet), rue Mazagran, faubourg Saint-Jean, rue Jeanne-d'Arc, Exposition, Consortium, Palais de la Métallurgie, Palais des Fêtes.

De deux heures et demie à trois heures et demie : concert par la musique Solvay et l'Harmonie de Jarville.

A l'arrivée du cortège : exécution de chants et de chœurs sur le vin et la bière, par la Chorale de l'Est et Nancy-Choral et par la chorale Alsace-Lorraine.

Défilé devant les palais : attractions diverses.

A quatre heures et quart : départ du cortège : même itinéraire jusqu'à la rue de la Commanderie, puis faubourg Saint-Jean, rue Saint-Jean, rue Saint-Georges, place Saint-Georges, où aura lieu la dislocation.

Les commissaires de la Fédération des commerçants, de la Société des étudiants et de l'Union des employés de commerce sont priés de se trouver à une heure et quart précise au centre de la place Carrière où des coupe-files et des brassards jaunes et verts leur seront distribués.

Les chars entreront sur la place Carrière par les ouvertures de la rue de la Pépinière ou de l'hémicycle du Palais du Gouvernement.

Collaboration artistique

Ce sont MM. P.-R. Claudin, artiste peintre, Le Bourgeois et Toussaint, architectes, qui ont composé la majeure partie des grands chars, avec le concours du sculpteur Burtin, du peintre Ramel, du décorateur tapissier Fridrich et du couturier Barghon.

Le dévoué M. Fruhinsholz, président du comité de la fête, a contribué considérablement au succès en faisant exécuter plusieurs chars de sa composition.

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L'Est républicain du dimanche 24 octobre 1909

Fête de la Vigne et du Houblon

Les jeunes filles lorraines à la Fête des Vendanges

Rappelons que c'est à une heure de l'après-midi que se masseront les 16 chars du cortège, sur la chaussée Est de la place Carrière, et qu'ils se mettront en route dans l'ordre suivant :

1. Char de Noé, 2. Char de la Taverne du Moyen-Age, 3. Char du Renard et des Raisins, 4. Char du Travail, 5. Char du Houblon et de l'Orge, 6. Char Surprise, 7. Char des Vendanges, 8. Char et Cortège de la Bouillie sucrée, 9. Char des Vins de Tout, 10. Char du Champagne, 11. Char de la Brune et de la Blonde, 12. Char du Champagne Delbeck, 13. Char de Gambrinus, 14. Char des Vins d'Alsace, 15. Char de Bacchus et 16. Char des Crus de France.

L'itinéraire

Rappelons aussi l'itinéraire :

Départ de la place Carrière à deux heures.

Place de la Carrière, rue Héré,place Stanislas, préfecture, hôtel de ville (municipalité et Société industrielle), Cercle militaire, rue Stanislas, rue Saint-Dizier, rue Gambetta, chambre de commerce, place Thiers (le tours complet), rue Mazagran, faubourg Saint-Jean, rue Jeanne-d'Arc, Exposition, Consortium, palais de la métallurgie, palais des fêtes.

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L'Est républicain du lundi 25 octobre 1909

La fête de la vigne et du houblon

La fête de la vigne et du houblon a malheureusement été contrariée par le mauvais temps. Bourrasques, pluie, froid glacial, rien n'y a manqué. Le public n'en était pas moins très nombreux, tant place Stanislas que sur tout le parcours du cortège et à l'Exposition. Les Lorrains ont de l'endurance et de l'obstination : ils avaient décidé de voir La fête des vendanges, ils l'ont vue, même par le mauvais temps.

La patience du public était pourtant mise à une rude épreuve. L'organisation de la fête était tout à fait insuffisante. Les chars n'étaient pas classés et leurs conducteurs ignoraient l'ordre de marche ; d'où, avant la mise en route, un grand nombre de fausses manœuvres qui ont retardé le départ d'une heure (3 heures au lieu de 2 heures). N'a-t-on pas vu trois chars, qui devaient marcher en queue du cortège, prendre délibérément la tête et être forcés de revernir sur leurs pas pour reprendre leur place normale, après avoir fait tout le tour de la place Stanislas ?

Retards plus regrettables que s'ils avaient été évités, la fête aurait pu se terminer avant la pluie.

Place Carrière

Dès une heure et demie, les chars sont attelés, Les musiques groupées, les figurantes rassemblés place Carrière. Un important service d'ordre interdit l'accès de la partie centrale de la place aux personnes non munies de coupe-file. Celles-ci se massent au pourtour de la place.

Des chars passent devant d'autres, puis repassant derrière ; d'autres tournent autour de la place pour prendre une position qu'ils abandonnent aussitôt. Pendant ce temps, musiciens et figurants — figurantes surtout, légèrement vêtues pour la plupart — grelottent à fendre l'âme.

Ce petit jeu, de chasse-croisé dure presque jusqu'à trois heures. Le public, pendant ce temps, se masse sur le parcours du cortège, et en particulier place Stanislas. Habits noirs et redingotes sur le balcon de La mairie, après le banquet de la Société industrielle ; habits noirs et redingotes digèrent patiemment en attendant de voir quelque chose.

Sur le parcours du cortège

Enfin, il est près de trois heures, — le cortège se met en route, aux accents de nombreuses fanfares, qui s'intercalent entre les chars. Il fait le tour de la place Stanislas, monte la rue Stanislas, puis la quitte pour la rue Gambetta, arrive à la place Thiers, où il s'arrête, avant d'en faire le tour.

Puis il s'engage dans la rue Mazagran, dans la rue du Faubourg-Saint-Jean, fort bien décorée, dans la rue Jeanne-d'Arc, arrive enfin à l'Exposition.

Sur tout le parcours une foule épaisse s'exclame.

Mais depuis quelque temps de noirs nuages s'amassent. Une bourrasque effroyable tourbillonne à l'entrée de l'Exposition. Des dames, munies de coupe-file, s'affolent et veulent entrer par la porte du milieu. Le gardien, sans pitié, — et sans douceur — les repousse vers les portes latérales.

Et tout à coup il tombe une averse torrentielle, diluvienne.

A l'Exposition

Tout le monde s'enfuit vers le palais des Fêtes ; mais l'accès en est d'une difficulté inouïe. Les parapluies s'entrechoquent et se déchirent. Panique et désolation.

Après bien des misères, je réussis enfin à monter au premier étage de la salle des Fêtes.

Joli spectacle ! Les chars, vidés pour la plupart de leurs figurants, défilent sous la pluie, pendant que l'harmonie des usines Solvay, résistant à l'orage, exécute ses brillants morceaux et que la Chorale Alsace-Lorraine, la Chorale de l'Est et Nancy-Choral chantent victorieusement la bière et le bon vin.

La galerie du premier étage de la salle des Fêtes et garnie par les jeunes filles lorraines, dont nous donnions dès hier soir le cliché, et qui jettent sur tout ce désastre une note délicieusement claire.

Heureusement, pour le second tour de piste — si on permet cette expression un peu trop sportive pour les beaux et lourds chevaux qui traînent les chars, — le temps s'éclaircit. Les figurants reprennent leur place sur les chars, et le défilé s'accomplit pendant que l'arc-en-ciel se déploie au-dessus des palais.

Les chars

Remarqué, parmi les chars les plus réussis : le char de l'Orge et du Houblon, le char du Travail, où des tonneliers en bras de chemise (Les pauvres !) font un bruit assourdissant avec les instruments les plus divers ; le char surprise, où deux bons vieux Lorrains proclament ;

« Nous devons au vin la vigueur et gaieté française, à l'eau la neurasthénie.

Le char des crus d'Alsace ; le char du champagne Moët et Chandon ; le char de la bière ; le char du Champagne Delbeck, la fameuse maison de Reims, qu'a organisé, avec beaucoup de goût, son représentant nancéien, M. Camille Noblot, et qui est composé d'une immense bouteille de Champagne entourée, aux quatre coins eu char, de quatre coupes, d'où déborde cette mousse appétissante.

Le char des Alsaciennes ; le char de Gambrinus à la barbe de fleuve ; enfin le char du Syndicat du commerce en gros des vins de Meurthe-et-Moselle.

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