BmN Kiosque lorrain

L'Est républicain du samedi 20 juin 1914

Le Congrès Eucharistique

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Une grande manifestation catholique aura lieu dimanche à 3 h. 1/2 de l'après-midi au Placieux (terminus de la ligne) : Route de Marron pour la clôture du Congrès Eucharistique de Nancy. Les dames et jeunes filles devront être arrivées pour 3 h. ; les hommes et jeunes gens s'y rendront directement en sortant de leurs réunions (salle de la Passion et salle du patronage St-Joseph).

Les hommes et jeunes gens qui doivent assurer la police extérieure et intérieure (commissaires ou gymnastes de l'Union Drouot en tenue) sous la direction de M. l'abbé Henry, directeur de la Maison des Apprentis, de M. Maurice de Vienne secrétaire général de l'Union Drouot, et de M. Chenut, devront se rendre au Placieux à l'heure indiquée par leur consigne spéciale. L'organisation des groupes se fera par les soins du service d'ordre qui donnera les indications utiles. Les paroisses hors Nancy auront une place spéciale qui leur sera indiquée.

Les personnes arrivant en voiture devront s'arrêter un peu plus loin que le terminus de la route de Marron, à l'intersection de la route de Villers et du chemin du Placieux. Les voitures se rangeront et stationneront le long de la route de Villers, contre le terrain de la procession.

Nous rappelons que les conditions requises pour que les différents groupes puissent pénétrer dans l'enceinte réservée et prendre part à la procession sont les suivantes : Les petits enfants seront en groupe, sous la direction de MM. les vicaires ou des Dames du patronage ;

Les communiants viendront avec leurs brassards (autant que possible), les communiantes et les enfants de Marie ou congréganistes en blanc, ou avec insigne, les membres des patronages de jeunes de jeunes filles, des différentes confréries des Dames avec leur insigne, les membres de l'Union Drouot, les jeunes catholiques, les membres des patronages de jeunes gens, etc., avec leur insigne ou en groupe sous la direction du clergé ; le clergé et les hommes entreront librement.

Les bannières ou drapeaux ne pourront être déployés que sur le terrain. Après la cérémonie, ils devront être placés dans leurs étuis respectifs avant de franchir la clôture. Nous demandons à tous les porte bannière ou drapeau de se soumettre très rigoureusement à cette prescription.

Tout défilé à l'aller et au retour dans la Ville de Nancy, est absolument interdit.

Nous avons publié dans un récent numéro l'ordre des groupes pour la procession à laquelle prendront part Mgr Turinaz, Mgr Foucault et Mgr Ruch. Le front sera de huit personnes.

Nous savons que partout un grand nombre de catholiques se réjouissent de prendre par à la grande manifestation catholique qui, si le temps le permet, dépassera toutes les espérances.

Des chaises pourront être louées sur le terrain. Les motifs d'une ornementation monumentale offriront, dans la verdure et le décor du Placieux, à l'entrée même de Nancy, un spectacle imposant. L'arc de Constantin est prêt.

Le reposoir central est complètement terminé. Le grand reposoir, au bas de la propriété, avec ses colonnes surmontées de chapiteaux et supportant un fronton monumental, le char triomphant, conduit par quatre chevaux blanc, promettent de former un ensemble digne à la fois de la ville de Nancy et de Celui que tous les cœurs catholiques viendront saluer de leurs chants et de leurs adorations, comme leur chef, leur maître et leur Dieu.


BmN Kiosque lorrain

L'Est républicain du lundi 22 juin 1914

Manifestation catholique

La manifestation catholique organisé à l'occasion du congrès eucharistique avait attiré au Placieux, dimanche après-midi, une foule très considérable. Dès une heure et demie, les cars étaient pris d'assaut et beaucoup de personnes n'y purent trouver place, bien que la compagnie ait mobilisé tout son matériel.

C'était un spectacle pittoresque que celui de toutes ces communiantes en robes blanches, de ces demoiselles des congrégations portant sous le bras une hampe de bannière, de ces vénérables dames en noir appartenant à toutes les confréries possibles et qui entassés dans les véhicules, suaient amplement sous le ciel lourd.

Au Placieux, la manifestation avait été organisé avec soin. Le service d'ordre officiel était assuré par la police de Nancy ; le service d'ordre privé par des gymnases des patronages. Plusieurs arcs de triomphe et reposoirs avaient été élevés.

*

*  *

Les abords du Placieux présentaient un véritable aspect de kermesse.

Des tables avaient été dressées en plein vent et la bière y coulait à flot. Des mendiants étalant des infirmités plus ou moins « ragoûtantes », imploraient la charité.

Des gendarmes canalisaient habilement le mouvement des voitures et des automobiles.

A 3 heures un quart nous vîmes arriver un magnifique char blanc, tout orné de spirées, de roses et de lys ; il était traîné par quatre chevaux des pompes funèbres, tenus en main par des piqueurs.

Il était surmonté d'une immense couronne. Renseignements pris, c'était le char sur lequel devait être transporté le Saint-Sacrement.

Sur le terrain marécageux du Placieux il y a bien vingt cinq mille personnes, tant fidèles que simple curieux.

Partout, des oriflammes blanches ou bleues flottent au vent. La chaleur est accablante. A 3 heures et demie exactement, le cortège se forme. Dans la foule, des jeunes filles vendent des cantiques, des cartes postales représentant la cène avec, au-dessous un autographe de Mrg Turinaz.

Des suisses, toute une rangée de suisses écarlates, s'avance, puis voici une foule de femmes et de jeunes filles sur rangées de huit. Il y a là toutes les paroisses, des congréganistes septuagénaires en blanc avec des rubans bleus, des dames de Sainte-Anne, du Saint-Rosaire, des fillettes rougissantes et de belles jeunes filles, au grave maintien.

De cette masse s'envolent des invocations et des cantiques auxquels succèdent les prières liturgiques chantées par les hommes. Devant les enfants de chœur marchent des gymnastes, l'arme sur l'épaule droite et des zouaves du Sacré-Cœur, entourant l'étendard de Charrette.

Ils portent le képi plat et la veste grise.

Sur le char Mgr Turinaz, archevêque « in partibus » d'Antioche, évêque de Nancy, portant la mantelletta violette, tient l'ostensoir dans ses mains tremblantes. Le soleil d'or est soutenu par un prêtre en vêtements sacerdotaux, M. l'abbé Jacob, curé de Saint-Vincent et de Saint-Fiacre.

Derrière le char, à pied, viennent l'évêque de Saint-Dié, Mgr Foucault et l'évêque coadjuteur de Nancy, Mgr Ruch.

Une première bénédiction est donnée par l'archevêque. A l'élévation, la musique des Jeunes apprentis sonne « Aux champs! »

Puis le défilé reprend interminable, dans une atmosphère d'orage. Le « Magnificat » succède au « Je suis Chrétien » ; l'eau coule sur les fronts congestionnés, mais les gosiers émettent cependant des accents vigoureux.

Vers six heures, la cérémonie est terminée, sans incident.

Tout le long de la rue de Villers, des agents de police sont prêts à empêcher toute manifestation. Au Bon-Coin, M. le commissaire Lienhardt attend, avec sa philosophie habituelle des événements improbables.

Les cafés et les tramways font des affaires d'or.

L. P.



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